Joueb.com
Envie de créer un weblog ?
Soutenez le Secours populaire
ViaBloga
Le nec plus ultra pour créer un site web.
Débarrassez vous de cette publicité : participez ! :O)
 1.La farce des abîmés   2.Intellections   3.Microthéories   4.Si j'étais poète   Chantier fermé   Mes ancêtres l’univers 

Ces pensées qui abîment, Agence cybernétique de songerie adulte

Version  XML 
C'est la maison qui offre.

Archive : tous les articles

Session
Nom d'utilisateur
Mot de passe

Mot de passe oublié ?



Armada des gogols.

--> extrait

Je savais ce qu’il convenait d’écrire. J’avais trop assisté à mes télévisuels contemporains que pour ne le point savoir. Eux ! Mes contemporains ? Mes contemporains " artistes " auteurs ? Que m’enseignaient-ils ? Leur affaire, leur " truc ", leur métier, tout leur art : L’expression inexpressive du Je. Et d’un Je ! Complètement fatigué... Un vrai fatras de fadaises, tellement commises ! Je les connaissais par cœur. Un empilement de poncifs, un amoncellement d’idiotismes, une parade pas rare, une débauche d’effets pas spéciaux, une déclamation de redites. Oh oui, ils y allaient au Je. Flamboyant ! Accompagné de ses petites émotions de quartier, en dandinant comme ça, aux vertigineuses peurs adolescentes ! C’est qu’ils étaient véloces ces fieffés artistes, ils y courraient au galbe des gonzesses, il la pourchassaient la doudouce émotion, qui gougoutte ! Que sensibles ! Tous en larmes ! Assez étonnant tout compte fait qu’ils y aillassent aux fesses des gonzesses... Parce que, non franchement, y avait pas plus gonzesse que mes contemporains ! Bande de lesbiennes verbeuses. Ô Européens Européennes... Sèche tes larmes ! C’est du bluff ! Ils y allaient chez qui déjà ? Chez PPDA ! Ah mais attention, PPDA ? Sympathique, il nous était sympathique et, soyons reconnaissant, il faisait de son mieux... les moyens du bord... Ses moyens du bord, et leurs moyens du bord... Par dessus bord si j’avais pu ! Que d’impostures ! Que larmes ! Que tristesses ! Que d’amours ! Tous des amoureux ! Des cœurs brisés ! Des âmes on pouvait le dire, des âmes sensibles. Des Je en puissance. Bon, des Je ? Frank pas contraire ! Héla ! Moi aussi j’étais un Je, et pas des moindres. Un Je bien de chez Nous. J’en valais dix milles à moi tout seul. Je t’avais le pluriel dans l’Ego. Un enfant du siècle.  Peut-être ? Certainement ! Prêt à avouer, j’avoue tout ! Mais eux ! Ah eux... Minute, c’est une explication ça, ohlala, eux c’était quelque chose.
Tous, mais alors là tous et toutes, ils racontaient leur vie. Mais le pire ! Leur vie, y avait rien à en dire ! Le comble ! L’arnaque la grande arnaque ! Et moins y avait et plus il en venait ! Tout défroqués, ils bavaient moult et raclée d’insignifiances, à se racler la gorge et larmoyer du coin de l’œil. Oh mais modestes ! Contenus ! En délicatesse ! Des singes bien élevés ! Des raffinés de la vacuité ! Ils l’entretenaient leur pacotille ! Chaque année, Rentrée Littéraire, tous à vos marques ! Partez ! Partir ? Ô si seulement. A lieu de, ils n’en finissaient plus de revenir, chaque année le come-back, le coming out, l’extimité exacerbée. Sinon quoi d’autre ? La confession.  Oui mon père, et où la confession ? Sur place publique ! Une confession au secret de personne ! C’était ça dorénavant, le but de la confesse : Lever le voile, plus rien reste. Mêmes les musulmanes bâchées elles rêvaient que d’une chose : Se dénoncer. Rien de tel qu’une petite lapidation ! Mais au fait, dévoilaient-ils vraiment ? Certes, certes... Mais là encore ils en finissaient plus de dévoiler... Des hectares d’étoffe ! À la tonne ! Et quand enfin y restait plus rien, hé bien, il restait plus rien ! Ces pornographes, comme tout bon pornographe, n’avaient strictement rien à montrer.
Les contemporains, ils débarquaient en meute, ils te sortaient leur roman plus vite que leur honte, des Lucky Luke de l’autofiction. Tellement tous auto d’ailleurs, que ça devenait des clones. Oui, des clones. À mourir de rire, juré craché. Et notre PPDA, il en accueillait !… En accueillait-il vraiment ? Oh que oui les spectateurs ! Lui la nurse, eux les mouchards ! Monseigneur le pape. Avec des fidèles par milliers. Fallait les observer les contemporains, si minets, si soignés, si émotifs, et d’une émotion ! D’un pur vagissement. C’était le débarquement, le siècle avait sa grande émotion à lui. Quel plateau, quelle claque, que d’ébahissement. Des merveilles sur patte, dépositaires du roman à la première personne du singulier. Et à force de la première singulier, ils ont fini plus du tout singulier, mais plus du tout, du tout. Répliques l’un de l’autre. Et minaudiers ces répliqués ! Des vrais de vrais. Paris, elle avait enfanté une armée de couilles molles complaisantes. Le cirque valait le voyage ! Ô... je les voyais... J’en avais mal... Ô mal, le tord-boyaux... Je pouvais plus les voir en peinture, ils dégoulinaient de partout, on était matraqués sans relâche, même la bombe ça aurait pas calmé, oh non ! Du contraire ! Ça leur aurait redonné courage pour cent cinquante années ! Un rien les animait : Un amour perdu, un deuil manqué, une enfance difficile, un mal de ventre, une rage de dent, un mal de tête, un rien ! Alors là, une attaque nucléaire... bactériologique... virale !... chimique ! On aurait plus jamais pu les contenir, plus jamais. Et déjà alors... Que d’effusions, que d’emphase, que sensations. Les écrivains ? La Star Academy de la lettre. Pas moins. Et beaucoup plus persistant. C’est que ça collait à la fin ! On s’en dépêtrait plus ! Je me disais bien, ils étaient obscènes, terriblement, ostensiblement, dégoûtamment obscènes. Et le plus drôle !  Tous alors là tous, quand enfin était venu le temps de la maturité, le roman en il, tous alors enfin, enfin !... traitaient le problème du Moi ! Le paradoxe ! Le vilain ! L’ignominieux ! Ils ne parlaient c’était sûr, ils ne parlaient jamais autant d’eux-mêmes que lorsque leur bouche s’employait à la troisième personne. Juliette, Maurice, Yannick, Annick, Momo, Ginette, Gilles, Gillette, Fatima et Bandele ! Tout ça c’était la même, la même et unique personne, la seule et récidiviste personne de l’auteur. Tout le cheptel, c’était lui ! Nul autre, pas cherche ! Jamais l’once d’autrui. Mais en plus, personne pouvait être dupe, le comble ! La farce ! Y avait marqué fiction et personne doutait un seul instant du caractère définitivement, obstinément, lamentablement autobiographique. Le monde avait jamais connu si foutue mutation ; ses commentateurs dans le même temps, cocasse inversion, n’avaient jamais tant commenté leur intime intimité intimidante. Le monde, c’était une branlée de Moi ! Mais les Moi avait mal à leur Moi. Alors, PPDA, lui, pas en reste, il les consolait !... Complice ! Cirque ! Cracheur de flammes éteintes ! Ah mais Pépé on l’aimait bien c’est vrai ça. Mais, un gentil ? Un seul : D’accord. Deux ? À la rigueur. Trois ? Pourquoi pas, hein, au point que. Mais trente-six milles ! C’était permis ? Y avait-il droit ? Pouvait-on le souffrir ? Était-ce légal ? Admis ? Toléré ? Était-ce... applaudi ? Applaudi ! Mais c’était la foire aux applaudissements ! L’applaudimètre, y en avait plus, c’était plus besoin, il avait claqué dès les années soixante, avec des Genet et Sarraute et autres cornichons du genre. Un zoo ! Déplié étendards. C’était prouvé. Un zoo... Ils se permettaient tout, voilà bien un point sur lequel on serait probablement d’accord. Ils étaient lâchés. Sauf que, guère étaient-ils " lâchés dans la nature ". Non non non ! Ils étaient et cela est le point d’achoppement, la tournure majeure, la vérité profonde de notre nouvelle engeance, ils étaient lâchés dans leur nature, leur nature. C’était bien triste, ô oui, ça n’augurait rien qui vaille. La suite, elle fut pas si étonnante au fond, maintenant que j’y repense. Tout cela, aussi terrible fût-il, était à bien y penser : Fort prévisible.

Ecrit par Jokeromega, le Vendredi 15 Septembre 2006, 09:43 dans la rubrique "Chantier fermé".