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Ces pensées qui abîment, Agence cybernétique de songerie adulte

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Abîmés

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_ Alors jeune homme ?
Le docteur m’expliqua en détail ma situation corporelle.
Quand il eut fini, la première idée qui me vint, était : La salope !
Or, un événement eut lieu.
_ Jean-Louis ?
La déflagration sonore avait figé la scène du drame. L’espace d’un éternel instant, paralysie générale. Médecins, infirmiers, brancardiers, malades, animaux, visiteurs, tous avaient retenu leur respiration. Parce qu’un événement inattendu avait retenu leur attention. Un événement millénaire.
Lola.
Lola était apparue.
Jean-Louis était prêt à rempiler pour cinquante ans de plus.
La salope !
Ça sentait l’euphorie du vieux mâle.
Ça puait la belle nymphe de vingt ans. Lola et sa beauté tapageuse. Sa beauté fine. Sa beauté de fausse vierge. Lola c’était le sous-marin de tous les coups fourrés. Elle pâlissait sur-le-champ jusqu’à l’existence même de Call-girl-l’impitoyable. Lola redéfinissait sérieusement le divin. Dieu était multiple. Et Dieu que c’était bon le polythéisme. L’autre soir, j’avais vu un ange. Un ange ? N’importe quelle agence de mannequin n’importe quel casting amateur. À profusion et en sourire. Mais Lola... Elle ouvrait de si délicates paupières sur de si magnifiques grands yeux azur dense, avec cils retroussés comme pour déjà cligner l’amour sous toutes ses formes, mais, non, oh il y avait ses si filiformes doigts de pianiste, et elle l’était, pianiste, et violoniste tant qu’à faire, mais non, toujours pas, vous pouviez d’ailleurs remarquer ses proportions impeccables, dignes des plus grands couturiers et des plus experts chirurgiens mais non, et même, vous pouviez tomber d’extase à ses airs innocents et pourtant si nuisibles, coupables, si pécheurs, si courtisants, mais non, c’était autre chose, quelque chose de l’ordre du surnaturel, je veux dire, la nature s’était ici surpassée plus que n’importe où ailleurs, la nature avait produit là son travail le plus accompli, le plus affiné, le plus confirmé de tout ce que la beauté d’une femme, car sa beauté la rendait femme immédiate, tout ce que la beauté d’une femme peut avoir à rendre de la beauté du monde, des galaxies et de l’univers ; elle était somptueuse ; et mon coma lui avait servi ce vieux bouc dans l’entrejambe.
Certes, certes...
Mais la célébrité, c’était moi. Lui, c’était le fric. Il avait un sur trois (la panse tue le mystère). On verrait bien combien de temps son diplôme et ses gallons feraient barrage. Barrage ? Barrage à quoi ? Comment ? À qui ? À Lola ? Lola la pire des catastrophes naturelles ? Il me chiperait pas la chipie. Lola le projet qu’on partage pas.
On devenait son macaque à longue queue.
Lola était très consciente d’elle-même. En pure garce. Les affaires étaient rudes avec elle.
Mais j’étais un privilégié. Je l’avais découverte. Elle le savait. Je rentrais en elle. Je lui remuais l’intérieur. Elle saignait encore. On était deux mutilés de guerre. Deux coupables. Deux hontes. Deux maudits. Deux affamés. Deux solitudes. Les mecs, c’était des joujoux pour Lola, des rustines aux abîmes, des diversions. Des diversions de pacotille. Mais moi, j’étais pas un mec. Je n’étais plus un mec. J’étais son histoire. Son garant. Son clerc. Son concierge. Ses secrets je les avais en consigne. Sa tristesse c’était le lac où nous nous baignâmes, son chagrin je l’avais en ligne de mire, sa fragilité au creux de ma main. Et elle me tenait par en bas.
On tanguait en équilibre précaire. Mais on était en équilibre. Ça se négociait pas. Ça se consommait. Ça se consumait. Ça se constatait. Point barre.

_ Lola ? avait-il gémi.
Même pas un regard. Elle quittait Jean-Louis en pure candeur. En pur monstre.
_ Lola...
Là il avait supplié.
Elle passait à travers. Elle le voyait plus. Il allait devenir fou. Mais le pire, elle forçait même pas, ça lui venait naturellement. Moi, j’avais un peu pitié. Un peu...
Il s’enfonçait dans le sol.
Je venais quand même de sauver son mariage. Fallait pas déconner, à cinquante balais, en calvitie sérieuse, sans la carte people-village, son pronostic de survie avait été dès le départ nécrologique. J’avais hâté le réel. C’est tout.
Par contre en ce qui concernait, j’avais senti des intentions dociles. La belle avait espéré tout ceci. Mon inespérée venue. Depuis le temps... ça faisait quoi ? Trois ans ? Deux ans ? En tout cas ça faisait du bien sa main dans la mienne. Merde, on était en train de s’enchâsser.
Toutefois, une petite mise à jour s’imposait.
_ Tu l’as baisé ?
_ Qui ?
Elle restait candide. Sans forcer.
_ Qui ? Comment ça, qui, qui ! Mais qui lui ! Lui là, l’autre vieillerie édentée.
_ Je connais personne d’édenté.
Se croyait-elle intelligente ?
_ Bon, ça s’énerve. Te fous pas de ma gueule.
_ Oh chaton, t’étais plus fin dans tes interventions télévisées, je te préférais.
Elle persifle et miaule. Pour mieux dompter. Elle s’amuse.
J’adore quand tu m’appelles chaton, je fonds sur place ! avais-je pensé. Ferme-là idiot ! Elle va te pourrir la vie. Fais-la souffrir. Elle en redemandera. Elles en redemandent toutes.
J’étais en plein débat philosophique.
C’est alors qu’elle m’embrassa. Sur la joue... Je m’étais demandé ce qu’elle avait embrassé en dernier. L’idée de ce qu’elle avait eu en bouche m’avait très fâché.
_ Tu l’as baisé ?
_ Je fais ce que je veux.
_ C’est qu’on le verra... T’auras ton temps. Les Lolita c’est du court.
_ Les gros bras c’est du con.
Elle s’était détachée, en snobant légèrement, faisant claquer les talons, en femme indépendante, laissant traîner un sillon rieur, mutin, joueur, hautain. Il te flinguait le cœur en moins de deux. On se faisait avoir sans broncher. Elle savait ce qu’elle faisait.
_ C’est quand que tu quittes tes vieux ?
_ Hé, mais, tu te crois où ? Hé mais, c’est pas toi qui fais la pluie et le beau temps, jusqu’à nouvel ordre.
Elle s’était remis une mèche, les yeux en oblique, ils me tenaient en joug. La moue de tout à l’heure revenait, tirant sur une des commissures, l’air de dire " t’es le salaud que j’aime haïr ". À l’américaine, elle aimait comme une starlette à dix millions de dollars. Le petit numéro se poursuivait. Elle avait pas tort au fond ; les parents, c’est bien. Elle, de la vergogne ?... pour se donner un genre. Genre vertueuse. Enfin, bref, le menu baratin. À ricaner bien fort. Le joli manège flattait l’envie, excitait ; il égayait, vernissait, prolongeait le suspense. Je l’avais fixée crânement.
_ Jusqu’à nouvel ordre, non, mais je compte bien faire ta pluie et ton beau temps.
_ Voyez-vous ça...
Elle prenait de l’avance, son cul dandinait souplement. Elle maîtrisait grave, rien à dire. Elle s’était retournée.
_ Toi et ta superbe...
Moi et ma superbe ? Elle manque pas d’air ! Moi et ma superbe ? L’inouïe gonflée inversion ! Oh, ce que ça peut faire... Elle nous assimile, nous deux là, hein, c’est bien ça ? Elle nous accole. J’avais imaginé l’accolade en question. Ça m’avait drôlement remonté. Puis j’avais songé à ses antécédents. Vite retombé... Moi, je restais méfiant. Mais elle, elle savait ce qu’il faut.
_ N’est-ce pas chaton ?
Sa voix...
Chaton résonnait comme un angélus dans sa bouche. En tout à fait nettement plus angélique.
Un chaton de plus et je répondrais plus de mes actes.
_ Ah, parce qu’avant tu en répondais ?
Je me rendais même plus compte, je parlais en moi et je pensais à elle, je veux dire, je lui envoyais carrément mes pensées, je pensais à elle, je pensais vers elle, je pensais à destination. C’est-à-dire, à voix haute. Simplement... Elle m’avait lancé une moue de plus. Cette fois taquine. Cette fois complice.
_ Je, hm, je... ha ! (je bégayais pour ainsi dire) On va bien s’entendre je crois. C’est la bonne.
_ On verra.
Elle n’avait pas changé. Pas tant que ça. Elle savait refroidir. Ça se perd pas. Le style s’affine. Davantage subtil. Mais pas tant que ça. Les gens continuent sur eux-mêmes. Et c’est bien légitime.
On verra.
Parcimonie ô parcimonie... Béguin minimum, toujours, elle était pas fille à beaucoup donner, elle était une fille polaire. Pas frigide, mais polaire. Un vent glacial de sensuel. Un vent fatal. Un parfum de rose cobalt. Elle s’en cachait pas, " Je sais pas donner, je suis pas comme ça, j’ai pas reçu, et je donne pas ", sauf parfois, comme une lubie, ça la prenait, sans prévenir, elle s’enflammait, l’effet Vésuve, l’effet Vénus, l’effet tornade. Une tornade de feu. De joie. De chair. De luxure. Puis, trois ou quatre jours plus tard, mais souvent dès le lendemain, son amour avait évaporé. Dans la langueur et la mélancolie d’un je ne sais quoi, et elle non plus ne savait quoi. Mais la célébrité c’était du constant, elle lâcherait pas le bifteck. Elle, moi, on savait.

On a appelé un taxi, je connaissais toujours pas ma rue de mémoire. Mais il y avait la mémoire numérique. La nanomémoire. Celle de mon cyberassistant. Je portais toujours sur moi mon ordinateur portable, mon indéfectible lien Réseau, intégré discrètement dans mon maillot de corps, oreillette à l’oreille, 19 grammes bluetooth troisième génération, commande manuelle au poignet. J’exécutais de simples et répétitives fonctions lorsque je m’aventurais, et c’était rare, à l’extérieur, pour les promotions et rendez-vous presses, et c’était à peu près tout ; sinon je commandais en ligne mes repas et on me livrait à domicile, des repas, des vêtements, des ustensiles. Les vêtements, il suffisait d’entrer son profil charnel et le magasin vous ferait parvenir la tenue de vos exigences. Les ustensiles, ils servaient à rien de toute façon, tout un tas d’ustensiles pas utiles, des ustensiles hostiles, faits pour être ostensibles dans nos têtes, et puis on achetait d’autres ustensiles. Les ustensiles... Et les repas étaient certifiés bio. Y avait une image de ferme et un sourire de fermière. Ça mettait l’estomac en appétit. On mangeait vite et beaucoup.
Je me rappelle, j’avais quoi, treize, quatorze ans, c’était, hm, vers le début du millénaire comme ça, un temps récent donc, et pourtant les fins de XXe siècle se remettaient déjà à une éternité en ce jour, je me rappelle, papa nous avait emmenés voir Venise, on était parmi les premiers à commander nos billets sur le réseau, j’avais frimé l’affaire à tous mes copains, même que c’était pas des copains en fait, et que j’étais la brebis galeuse mais bon, je m’en foutais, je jouerais avec les nuages la semaine prochaine et pas eux, je les toisais déjà comme de la Lune, ha ! Puis la vénitienne ça avait été puant et liquide, mais j’étais heureux pour mon baptême de l’air, même si au final c’était bidon et rien à voir avec les simulations 3D. C’était la dernière fois qu’on irait en famille en vacances, oh et puis de toute façon c’était chaque année la même. Papa tapait des mille bornes pour aller voir de la famille à Marseille et ça foutait le cafard.
Il avait pué plus que d’accoutumée ; l’avion embaumé, les hôtesses de l’air service restreint minimum billet low cost oblige, nous avaient défigurés salement, elles voyaient bien qu’on était pas le genre. À la belle époque, des grands Boeing et des beaux Airbus, on aurait pas passé. Mais l’époque avait changé. L’aviation c’était perméable à présent.
Je crois qu’on pratiquais le ver dans la pomme.

Le pourboire. Le merci. Le non pas de quoi. Je lui ouvre la porte. Le building. Le portique. La huissier. La mignonne de service avait salué un peu déçue, je faisais mal à voir au bras d’une poule, mais tout à coup elle avait rayonné. Sûrement une paire de fesses marchande, s’était-elle raconté.
Elle rayonnait.
Lola farouche évidemment, l’avait prise à vif. Yeux dans yeux. De sa bouche la plus fine, la plus fermée, la plus hermétique, comme un trait horizontal de condescendance. Le regard noir avait complété l’explication du phénomène. J’étais casé !
Lola, tout son dédain, toute sa feinte, tout son snob, c’était la couverture d’une femelle possessive. Très possessive. Une couverture femellicide. Méfiante au possible, pis qu’une Sicilienne, elle écartait chaque menace comme de la vermine. Elle n’apportait pas tant l’humiliation au mâle que la destruction aux galantes. Même de loin la haine. La totale haine. La totale exclusive haine. Ça faisait du bien.
L’ascenseur nous déposa au septième étage. J’habitais au 37
J’ai connecté mon interface USB. Le clignotant a viré au vert. J’ai dit " ouvre-toi ". Le scanner vocal a confirmé la voix propriétaire. La porte a coulissé dans un léger bruit métallique.
_ Après vous demoiselle.
Lola négligea la courtoisie et s’engouffra sans demander son reste. Elle m’excitait comme une pure traînée. L’appel à viol, la demande de vice, le style de pétasse. Un style haute voltige. Aucune acrobatie à écarter.
_ J’aime.
_ Ah oui ?
Oui, elle pouvait donc aimer. Elle aimait, c’était petit, intimiste, elle aimait le minimal, le confiné, l’exigu. Elle ôta sa jaquette. S’étira furtivement. Et passa sous mon nez prendre une pomme dans la corbeille à fruits trônant sur le buffet.
_ Tu permets ?
Et elle avait croqué ingénument. Elle sentait la volupté. Mais fallait pas se fier au matricule, Lola était une pure de dure de la névrose. Ancienne anorexique, toujours borderline maigreur, récidiviste de la tentative de suicide, fille abusée, farouche, et perverse.
J’aime pas quand on touche, qu’elle disait. Sans toucher on faisait comment ? On fait pas, riait-elle. Elle avait ajouté : Enfin, on peut faire mais comme je veux. Et tu veux comment ? Je veux pas qu’on touche, pas trop, faut mettre des gants. Et d’autres choses encore...
_ Je te préviens je suis la maîtresse.
Je la regarde, abasourdi. Puis je m’approche. Elle me repousse.
_ La maîtresse des lieux, voyons !
Elle se perd dans une salve de facéties, un vortex de frime.
Qu’en penser ? On invite ? On moyenne, temporise, finasse ? Non, ne surtout pas penser. C’est l’erreur. Ça a toujours été l’erreur.
" Je supporte pas plus de quinze minutes. " Je me souvenais ses paroles. À présent je les buvais comme le saint Évangile.
J’aime pas qu’on transpire.
C’était faisable.
J’aime pas les poils.
Rasons...
J’aime pas les muscles. Éteignons la lumière...
Qu’est-ce que tu aimes ?
J’aime genre David Bowie.
Ça allait être difficile.
Et c’est tout ? Non, aussi Brian Molko. Ah.
Pas toi ?
J’avais récapitulé dans ma tête. Pas femme, pas touche, pas poil, pas muscle, pas durer, pas suer, et mettre des choses. Si possible faire la tête entre David Bowie et Brian Molko. Et obéir.
Le couple était inconciliable.
J’avais pris ma décision.
En faire qu’à sa tête. Un des deux au moins est calmé.
_ Lèche !
J’étais pas sûr d’avoir bien saisi.
_ Lèche j’ai dit !
Cette fille n’avait aucun sens. Aucune logique. Aucune cohérence. Elle tombait de nulle part, pile dans la fosse du péché. Elle allait nous rendre sénile, l’indécent érotisme, l’incandescent, à ramper, à se rouler par terre, à jurer l’allégeance in extenso, d’un bout à l’autre, devenir des arabesques l’un à l’autre, un entrelacs de vices... J’avais le devoir d’intervenir. Reprendre les choses en main, montrer c’est qui le bosse.
_ Commençons par les pieds.
_ Ah ! Coquin...
Elle appréciait. De petits rires libidineux. Guidant le rallye de ma langue.
_ Pense ce que tu veux, je préfère ramper que te voir en sape une seconde de plus, tu me domines, oui tu me domines ! Et ça m’est égal, égal au possible, alors je lèche ici, et je lécherai tout !
Elle chuchota.
_ Vraiment tout ?
_ Oui, tout, et essaye pas d’empêcher, je lécherai absolument, inconditionnellement, irréparablement tout. Tout par la porte ou par la fenêtre.
Moi aussi j’avais chuchoté, juste dans le creux de sa nuque.
_ C’est entre toi et moi chérie.
J’étais retourné au niveau des genoux. J’avais progressé. Déjà.
Le goût était bon. Ça donnait vraiment envie de repasser une couche à sa minette. La broute... faut pas sous-estimer les ruminants. Lola avait vraiment bon goût, elle enrageait les narines, et ses coulées irriguaient la gorge de stupre, on tendait le cou, ça coulait à pic... un délice sans modération. Une infinie jouvence.
_ Bon, c’est tout.
Stop. Frustré dans l’élan. J’avais observé attentivement. Le chantier d’eau douce fuyait ; une merveille olfactive.
Remettre les pendules à l’heure, la main à la pâte, les bouchées double, le pied à l’étrier. Elle avait essayé... se résigna ; t’es qu’un petit joueur ma fille, une vraie jouisseuse en faux-semblant de pudibonde, je t’ai à l’œil, et je vois clair que t’en veux encore. Tout ton snob depuis ces années, il s’est effrité comme l’empire soviétique en 89, maintenant je vais te faire Grozny, je quadrille ton secteur d’activité terroriste de fond en comble ; tes forces belligérantes ont pas fait le plein ? Allons-y !
On était sur la même longueur d’onde, j’insistai sur les lèvres, peut-être quelque peu négligées au profit du facile clitoris.
Elle essayait de se débiner. Je la cabrais comme il faut.
_ Hé ! Ça existe les 69 chaton !
C’était du vicieux. Elle fit un tour à 180 degrés. S’ajusta parfaitement.
_ Coup bas.
Elle avait pris en bouche, à la base.
_ Je jette l’éponge.
Je réalisais plus trop le pourquoi du comment. Elle riait, cela avait ravi, on se contentait du travail méthodique et forcené des langues bien pendue.
J’avais senti un monstre tirailler jusque dans les tripes, comme des barres d’uranium bouffant l’intérieur, ça éventrait de part en part, possédé par le désir absolu meurtrier, un pèlerin élimé face au mont de Vénus, c’était pas un vice à laisser entre toutes les mains, mais j’y étais j’y restais.

J’avais vraiment tout sucé. Allez, vas ! lèche la foufoune ! vas mon lèche-cul, lèche tout, lèche-coude, lèche-cuisse lèche-botte ! J’avais léché sa double poire, ô douces petites poires... lèche-colonne-vertébrale, tout, vraiment tout, suffisait de tirer sur la languette, la chatière chantait le bel canto. Essuyé le moindre des pourtours, Menu King Size, j’adore ma chienne ! disait-elle... Une bichon à poil frisé, toujours la bonne humeur, jouette et plein d’énergie. Ça avait mis la puce à l’oreille, je lui avais mis la chenille dans le terrier. On était d’authentiques irrémissibles pécheurs.
Puis, on était venus.

J’ai eu envie de pleurer comme l’autre fois.
Pire que l’autre fois. Parce que j’avais une histoire en commun avec Lola. Parce que malgré les saletés en nous on savait qu’elle me regardait comme un intouchable. Un monstre intouchable. Elle se sentait infime. Je la persécutais. Être là suffisait à être de trop. La peur au ventre, de pas être à la hauteur, parce que oui au fond ça restait une gamine. Une gamine grandie trop vite. Jamais vraiment entière. Jamais la complétude. Toujours la faille.
Qu’avions-nous fait ?...
On aurait mieux pas fait.
J’ai eu envie de pleurer comme l’autre fois.
Pire que l’autre fois. Elle aussi avait envie. On était là, les deux, et rien plus bougeait. Seul le temps se mouvait encore. Il se faufilait entre nos malheurs, il les étirait, il en faisait du chewing-gum. De l’art et du chewing-gum. L’œuvre du temps.
Qu’est-ce qui alors jadis avait poussé à fuir ? À humilier ? Elle avait besoin de vengeance. Se vengeait-elle des hommes ? La vie ? Comment elle abuse de nous, la vie...
C’était le dépit.
J’étais donc quelqu’un. J’étais imposant. J’étais plus, j’étais sacré, et j’étais plus rien dorénavant, j’étais ridicule, j’étais risible, je retenais les larmes. L’orgueil dernier recours. Mais Lola elle s’est approchée. Elle a serré dans ses bras, a fait un bisou sur la joue, tout gentil, tendresse, chaleur, caresse... alors j’ai craqué, j’ai pleuré, j’ai eu honte. J’ai étreint, j’ai jeté rejeté !... j’ai dégagé, encore à poil sur le hall d’entrée. Une minute plus tard les vêtements le même sort. Elle a pleuré timidement une demie heure, derrière la porte close électronique. Je restais inflexible, immobile, pétrifié. J’avais le Vide en moi.
Le vide. Je préférais le vide au pourri qui rôde, à l’entour, pas loin, prêt, on sera tous emportés. Prudence !... On peut échapper, sortir indemne. Évite de penser, évite toute pensée, voilà, tu t’en sors.
Laisse passer l’éternité, le temps s’essoufflera, lui aussi.
Où on était ?
Quelque part entre la première pour de sentimental et la dernière tout en malheur. La tendresse impossible, toujours fuyante... et quoi, nos corps unis ? Où l’instant ? Il avait filé. J’étais entré. Maintenant on sortait.

Ecrit par Jokeromega, le Samedi 21 Octobre 2006, 21:01 dans la rubrique "Chantier fermé".