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Ces pensées qui abîment, Agence cybernétique de songerie adulte

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Ça remontait à 3,6 milliards d’années

--> extrait (suite chronologique du dernier extrait)

Nous étions à une heure de route d’Anvers, le célèbre port maritime, là où baignaient les beaux-parents bis. À cette heure-là le trajet Mons-Charleroi-Bruxelles bouchonnait pas mal, les navetteurs revenaient de leur navette. De notre bande d’autoroute on pouvait observer les automobilistes embouchonnés. Mais dans notre sens ça mettrait moins d’une heure.
_ On pourrait les voir demain.
C’est vrai que la journée a été bien remplie. Beaucoup d’émotions.
_ J’ai disjoncté ; je sais. Mais, oh, chérie, faut pardonner.
Respiration.
_ Il faut me pouvoir tout pardonner, sans quoi...
Le vent sifflait dehors. La saison nous rappelait son automne.
_ Sans quoi comment aboutir ? C’est plus fort que moi, mon ange. Je...
Qu’est-ce que je pouvais dire de plus ? Sinon des conneries.
_ Oh mais non ! Au contraire, tu as été un amour, j’étais émue aux larmes si tu savais ! Ça me paraissait impossible. Pourtant. À présent je peux le dire.
L’ange avait marqué un temps d’arrêt qui en dit long ; elle a gros sur le cœur je vois. Puis c’est tombé comme un couperet : " Je t’aime encore plus ". Elle avait les yeux qui scintillent. Et ses yeux scintillaient dans ma direction. Ses yeux disaient je veux faire ma vie avec toi.
La bouche a dit :
_ Je veux faire ma vie avec toi.
Sa bouche disait comme ses yeux. C’était une fille cohérente. C’était rare !
C’était merveilleux.
Oui, merveilleux, pieds et poings liés.
_ Excuse-moi ! Avait-elle presque supplié, parce qu’elle venait de déchiffrer des soucis sur mon visage. Je veux pas te presser, ni tout gâcher... enfin – mais on va s’entendre ! Tu sais ? Faut pas avoir l’impression d’être enchaîné, oh, oh ! oh... ce que je souffrirais de me savoir ton boulet, mais dis... si tu devais partir, alors pars. Je veux dire si un jour bien sûr, tu devais partir... Oh, moi je serais, et ça se comprend, sur les rotules, mais, mm, mais l’amour ça se peut pas d’être une corvée, si le naturel est traître alors mieux vaut endurer la rupture ; plutôt que mille humiliations d’un amour faussement perpétré. C’est vrai quoi, on a peur d’abattre le lieu où un être fût un jour dans notre vie, mais faire faux c’est pire, c’est faire mal en continu et reporter le coup de grâce à bientôt, qu’il grossisse et devienne monstrueux, comme si l’autre était dupe, comme si l’affreux aura meilleur goût demain, quand il aura épaissi, mûri, macéré... Oh, je ne sais pas, je me perds, je...
Elle s’était mise à sangloter. Son petit mouchoir en dentelle près du nez. Un mouchoir à l’ancienne.
_ Mais non Gaby, c’est pas ça, tu n’y es pas, t’es mon bébé, et mon petit ange, mon ange gardien tiens, on forme un tandem, le plus vieux tandem du monde, fille et garçon, l’un jamais complet sans l’autre, et...
Et après ? La corde au cou ! Casse-toi de là Billy.
_ Billy, ça fait six mois à peine et faut pas croire, je sais que l’amour est trompeur.
Elle sanglotait de plus en plus. Toujours le petit mouchoir. On aurait dit une biche apeurée.
_ On est euphorique, uh... Elle sanglotait. Ha... Tout petit sanglot, animal perdu, si tendre... Uh... on est euphorique... Elle insistait... puis elle a dit sa voix devenue comme un murmure : " l’euphorie guette le premier faux pas, et tous les espoirs alors... "
_ Te pètent à la figure, pris-je le soin de compléter.
Elle pleurait pour de bon désormais. Essayons de rattraper le coup.
_ Mais non chouchoute ! Je suis espiègle, crois pas tout ce que je dis ! Pas pour nous Gaby. Nous il y aura toujours quelque chose, si pas en ménage, au moins en complicité, – en art tiens ! On se filera des tuyaux. On se flanquera des critiques ! On se crêpera le chignon toute notre vie ! C’est-y pas le paradis ? Je te promets ! On sera philosophes ! Une sorte d’amitié particulière mais, amitié, amitié, " amitié "... ha, c’est un grand mot, il fout la frousse, il te la fout !... je vois ça – faut pas frémir ! Si j’évoque ce genre de mutation : " l’amitié "... au contraire !... c’est révélateur, j’annonce le possible... et le possible ? Il signifie, déclare, affirme !... que nos liens se basent sur la substance, on dispose d’un vrai socle de partage ; idées ! intentions ! et donc, j’en doute, mais si notre relation devait souffrir, elle grandirait ailleurs, elle reviendrait en autre chose, de moins absolu certes, mois intense oui – et tout aussi essentiel... et plus essentiel ! (tant qu’à faire) parce qu’on serait toujours là pour les coups durs, peut-être pas avec autant de prévenance, peut-être pas de façon aussi explicite, ou disons, enfin disons tu vois le genre (tu le vois ?), mais on serait là. Ooh j’en fais la promesse, non, j’en fais le serment, oui, voilà, moi qui garantis jamais rien, hé bien, là je te dis, je t’affirme – je t’affirme que quoi qu’il advienne, l’un et l’autre on restera liés, d’une façon ou l’autre. Si on me demandait mon pronostic ? Je dirais qu’on fera notre vie ensemble ; je dis pas mariage, parce que tu vois, le mariage, c’est hum, voilà, en fait moi j’estime que j’ai pas besoin d’une structure étatique ou religieuse pour me dire ce que je sais déjà, à savoir que je t’aime et pour moi c’est ça les vrais liens, ceux de l’amour donc ! Non, j’en ai pas besoin ! ( vraiment ? ) Bon, tu vois que je réfléchis, mais quoi ! mais même ! Encore que peut-être, oui peut-être ! oui je dis bien peut-être que j’en ai rudement besoin des structures, – soit ! Mais eux, là, ils veulent se poser comme garants de tes sentiments, comme si le cachet légal allait changer quoi que ce soit, comme si, si tu devais trahir l’autre tu ne le trahirais pas alors que tout ça c’est dans la tête que ça se passe, pas dans les tribunaux ; les tribunaux c’est pour se casser la gueule de façon civilisée, faire appel à maman Justice qu’elle nous foute une bonne raclée. Dans la tête je te dis ! Tout là ! la tête... Et ils ne l’ont pas, le pouvoir sur l’esprit, enfin, sur le mien en tout cas ! Bon, bien sûr, je comprends, les parents ils font partie de la plupart des gens, alors ils ont besoin d’un édifice, d’une instance supérieure, ha ! bien sûr, la société c’est nécessaire... vital je dis ! Contrat social tout ce que tu veux ! Bordel je le sais mille fois ! Et plus ! Les gens ont besoin de quelque chose qui les rapproche du ciel ou des grands de ce monde, quelque chose qui extirpe de la monotonie de l’existence, mais, hé ! qui mieux que moi ne mit à mort la monotonie ? Bon, d’accord, j’étais à l’état cadavérique, et même, à l’état de non existence, ça je m’en souviens très bien mais, hé, dans ma tête, aussi sinistre que ça fût, et complaisant pour rien arranger, n’empêche dans ma tête, mon univers là, n’est-ce pas, mon univers, à ton avis, quel univers bouillonna plus que le mien ? Hein, je te le demande. Oh... Enfin on s’en fout de mes capacités d’ébullition, ce que je veux dire, et ce qui compte, je crois, c’est que, euh, oh, je crois que j’ai perdu le fil de mon idée, hi, c’est bête ça alors, de se faire tout un film, avec discours et moult emphase et tout et tout, et puis, et puis voilà ! on se dilue ! Mais, mm, bisou quand même !
J’avais caressé ses lèvres d’un délicat baiser. On avait décidé de faire escale à Bruxelles, je me souvenais d’un petit restaurant grec près de la Grand-Place, on mangerait local, bon et pas cher, comme à l’époque des vaches maigres, des filles pour qui je n’existais même pas, et à présent qui rêvaient de me sucer une ou deux fois avant de se faire engrosser et vivre à charge de frais. Gaby me fit un sourire sincère et contenu, sans montrer les dents, tout en finesse, ce qui me donna envie de lui faire l’amour très fort, très profond.

_ Voilà pour vous mon brave.
100 euros. 50 de pourboire. Il était vingt-deux heures lorsque j’avais témoigné ma gratitude au serveur. À partager avec vos confrères ! Pour l’accueil reçu et surtout parce que j’étais remonté comme un taureau et cela mettait de très, très bonne humeur. J’étais prêt à répandre le bonheur. J’avais tourné la semaine précédente une publicité particulièrement enrichissante. Contrat à longue durée et utilisation systématique de mon image. J’avais lu dans Voici que huit lectrices sur dix s’étaient au moins une fois dans leur vie touchées (sic) en pensant à un tueur en série. Trois pages plus loin on trouvait Billy l’auteur à scandale en tête de sondage " plan cul people ", et en fin de peloton " relation sérieuse ". Je m’étais senti très objet, comme si je valais guère mieux qu’un vibromasseur ou un serial killer. Dégoûté, j’avais surfé un bon moment au hasard, jusqu’à cette thèse en doctorat de marketing. Étude approfondie du secteur des insecticides. Or le géant américain KillTheSmall cherchait à implanter le marché français. Dites-moi tout docteur ! L’étude clientèle démontrait que neuf couples sur dix voyaient la femme s’occuper des achats insecticides. Protéger les enfants et désir assassin refoulé ; madame en avait ras-le-bol de devoir l’écraser. Serial killer, femmes, prestige people, insecticides. J’avais dressé un parallélisme, proposant mon slogan à KillTheSmall. "  Faites comme moi, tuez les emmerdeurs ! ". J’étais plein aux as à présent, j’avais même reçu dix paquets de chacun six tubes 500 ml. Que demander de plus ? Ah oui, une gâterie à ma petite chatte.
Ç’eût été sage de tester au plus vite la réputation des matelas et sommiers du cinq étoiles Boulevard de Waterloo ; fallait se méfier du laisser-aller chez les Hilton, mais Gaby avait insisté pour qu’on fasse un peu de shopping sur le boulevard en question et Avenue Louise, le rendez-vous chic et luxe du royaume. Boutiques very high standing au coude à coude sur plus d’un kilomètre. It’s glamourious ! Les trottoirs étaient piétinés par les talons surcompensés d’adolescentes au papa diplomate jamais à la maison ; et ces mêmes trottoirs étaient martelés par les bottines Gianni Versace des canons de La Hulpe et Rhodes-Saint-Genèse. Mais aucun pavé n’était plus heureux que lorsqu’il avait supporté le pas décisif des sandales Yves Saint Laurent Lolita cuir noir de Gaby, ... et ses gants ! Ses gants... YSL gris et sa veste ! sa veste... courte, près du corps, gris chiné YSL, et sa jupe ! sa jupe... YSL blanche au-dessus du genou, droite. Le seul complet grand couturier qui ne montrât pas fesses ni seins. Oh, et j’avais un bras sous son pull, dans son dos, à hauteur de taille, l’autre membre disponible pour de temps à autre lui remettre une mèche. Après, le reste, c’était carabistouilles de fille ; je la laissais faire, opinant de temps à autre.

Hôtel.
Réception.
Validations biométriques.
Une belle chambre cossue, lit deux places, salle de bain, jacuzzi, plateau de fruits, lumière d’ambiance, variable, mobilier, classique, efficace, doré... on en avait pour son crédit.
La serviette rose emmaillotait les cheveux. Elle se dandinait topless. Je m’étais un peu familiarisé avec son corps. Fine de partout et grasse de nulle part, incurvée comme il faut, là où il faut. À la fois belle et mignonne, ce qui est très rare chez une fille, et inexistant chez un garçon. Elle parvenait à hisser ses vingt-huit ans vers un vingt-cinq ans élégant, mémorable, de toute beauté. D’autres fois elle était cette soyeuse petite fille, riante, candide, vraiment minette, moins marquante mais très, très adorable.
_ T’es pas doué, hi.
Satané soutien-gorge !
_ Essaye avec les dents, qui sait...
J’aimais l’odeur ; sa lingerie de corps... son pouvoir érotique, et ce que j’aimais par dessus tout : remonter à la source des odeurs. Je mis un genoux à terre, puis l’autre, et finalement je mis la langue.
_ Oh ! Toujours pressé.
Reproche enfantin. Quand même un peu sérieuse ?
_ Tu aurais pu flirter un peu, travailler la nuque. Bon, elle soupira, que veux-tu, allez, va...
On pratiqua le French kiss et d’autres sortes plus sinueuses... La notion de durée s’évaporait dans les montées du désir.
_ Ah. Sympa les tétons.
_ Idiot !
Ses tétons comme deux fraises. Elle et moi... partis en macédoine de sentiments. À la recherche du fruit de l’autre. Partis en vrille dans un lacis de nos cœurs. Partis pour mieux revenir. Prendre, mordiller, aïe ! excuse ! sale brute ! mais non, mais non... ménager, retarder, surprendre ! reprendre ! ouïe ! comédienne ! c’était sensible comme zone, petits cris, relâcher, titiller, faire diversion, savoir l’instant propice, et alors, et alors, et alors... alors ! vlout !... c’était si heureux. J’avais envie d’unir !... définitivement ! Qu’on entre en consubstantiation. Pareil pour elle. On savait.
Moi aussi je savais. Je savais même trop. Alors les tremblements. Non ça va pas recommencer !
Elle rassure, passe la main, douce, si douce... apaisement, elle savait.
Elle aussi elle savait. Elle savait comme jamais. Et j’étais sûr de vouloir pour toujours. Et c’était vrai, je voulais pour toujours.
J’ai approché l’offrande génitale. Je me suis appliqué corps et âme, elle mouillait beaucoup et l’organe devenait brûlant, j’avalais le plus possible, elle caressait mes cheveux, et laissait tomber vers moi des mots tendres... ces mots tendres glissaient des lèvres, ils étaient des caresses, des explorateurs de l’espace de partage, lèche du cou... son cou gracile, ils se faufilaient entre les clavicules délicatement saillantes, ils poursuivaient, dessinaient des formes géométriques diverses, hommages aux constellations sur son ventre creusé d’émotion, tendu au plaisir, ces mots me tombaient pile sous la langue, je les gardais en bouche, si tendres, ils me sondaient l’intérieur et je les retournais à elle... gémissements... fragile... attente... et encore, je remontais échanger tout notre intérieur.
Elle riait. Sincère, généreuse, amusée oui aussi... Amusée ? Quoi, c’est moi qui te fais rire ? Crispations...
_ Oh... Mon petit chou.
Smack
Elle avait baisé à hauteur de nombril, lentement descendit, tandis que les yeux montaient, montaient, montaient... défiants, soumis... des yeux en forme d’invitation, des yeux-fouets, des yeux comme deux sondes spatiales.
Effort de relaxation.
Pas évident.
Non, pas évident du tout ! Oh...
Elle caressait les hanches en même temps qu’elle prenait. J’étais cool en fait, je m’en rendais compte, c’était le moment ou jamais de descendre voir ce qui ce passe. Les langues se chatouillaient.
Ouaw...
Mes yeux aussi invitaient. Les siens toujours intenses. On s’envoyait des particules inconnues aux sciences expérimentales. Invisibles aux machines. On était en train de créer de la chimie millénaire. Qui remontait loin. Combien ? 3,6 milliards d’année les bactéries autoreproductives ? Sexualité 2 milliards ? En tout cas tout l’amour de mon univers la mettait en joue, j’ai humecté l’omoplate, frôlé l’épaule, elle tenait d’une main, caressait de l’autre à la base, j’ai murmuré : On va naître ensemble. On s’est rapproché. Définitivement.

Ecrit par Jokeromega, le Lundi 11 Décembre 2006, 21:52 dans la rubrique "Chantier fermé".