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La vache ! Nous avons trouvé notre Raphaël.

--> Vu récemment sur Arte : Le génie des autistes.

Ou comment toucher le fond : ériger ses handicapés en génie.

Ce soir le programme tévé m’a mis la puce à l’oreille. Je pressens du lourd ; ça fait un temps déjà que j’ai appris à repérer les pépites. Ce soir le service publique va m’introduire au génie des handicapés.
J’enfonce le bouton et mes fesses dans le fauteuil ; l’écran sort de sa veille.
Plusieurs cas d’école défilent. C’est la foire aux gentils monstres. C’est édifiant, très édifiant, tout à fait édifiant, dès le coup d’envoi on entre dans le vif du sujet (tellement édifiant !), mais il faut attendre la demi-heure de jeu pour que le reportage touche enfin au sublime : une multinationale du hamburger fait appel aux dons d’empathie animale d’une autiste quinquagénaire. Le but ? Abattre avec plus de sérénité les animaux. Invité dans sa chambre, le téléspectateur que je suis peut contempler tout le génie de cette bonne femme en la machine inventée par ses soins. Le modus operandi est simple : passer votre cou sous le joug, à quatre pattes, tandis que deux plaques molletonnées viennent délicatement presser vos flancs. Ce dispositif est sensé reproduire les attouchements humains, mais de façon plus circonspecte, moins brutale (notre inventeur ne supporte pas les touches). Le rapport avec l’abattage dans tout ça ? C’est évident ! Nos amis les bêtes sont vite effrayées par l’imprévu. Si on veut éviter leur panique, il faut les aborder avec précaution. Apparemment, madame ressent comme une vache. Incapable d’interpréter les sentiments exprimés par les visages humains, elle possède en revanche un sens prodigieux du détail visuel. Elle raisonne en termes d’images et non d’émotions. La parfaite citoyenne moderne ! Au génie ! J’entends déjà crier... Le progrès est en marche. D’ailleurs il ressemble à un rouleau compatisseur.
Voilà, mes amis, où nous en sommes arrivés ; les handicapés nous aident à mieux comprendre les animaux que nous nous apprêtons à dévorer (il ne faudrait pas perdre de vue certaines réalités élémentaires, mon cher Watson), le tout mis en scène pas des journalistes culturels et financé par des marchands internationaux. Je crois que la boucle est, ou est sur le point d’être bouclée. Quelle réjouissante époque vivons-nous ! pleine de découvertes et rebondissements. C’est à n’en pas croire ses yeux ; pourtant, plus que jamais, il convient de les garder ouverts bien grands. Le spectacle contemporain nous réserve bien des surprises ; vous savez, il n’est plus à cela près d’un prodige.
Il y avait de quoi sortir abattu de ce " documentaire ". Mais le téléspectateur commence à avoir l’habitude. L’euthanasie, la mort heureuse, n’est-elle pas la prochaine étape sur la longue liste des droits de l’homme ? Les esprits éclairés de notre temps se jettent dans la bataille. Les mourants implorent : " Aidez-moi à mourir bon sang ! dans la joie et la bonne humeur. "
Eh bien, il n’y avait pas de raison que les animaux fussent discriminés.

Ecrit par Jokeromega, le Lundi 18 Juin 2007, 11:08 dans la rubrique "2.Intellections".