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Ces pensées qui abîment, Agence cybernétique de songerie adulte

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De merveilleux outrages furtifs

Je lisais Les Carnets du sous-sol de Dostoïevski* et, page 24 – il y aborde la pénitence d’une conscience trop accrue qui alors comprend avec rage et résignation qu’il n’y a pas à s’indisposer de la nature (et ses humiliations, les cruels impossibles, etc.) c’est ainsi, ou du moins, c’est ainsi que je me suis approprié l’idée du Fédor – inspiré de ce souffle d’idées puissant, j’en vins dans l’élan à mon tour expirer une métaphore qui prolonge ma petite philosophie intime des derniers temps :

La conscience est à l’univers ce qu’est une lampe à sa chambre, qu’elle s’allume ou pas cela ne provoque la plus petite incidence sur les éléments de cette chambre/cet univers, si bien sûr on met de côté sa menue production de chaleur. Mettons donc de côté la négligeable production calorifique. Il ne reste alors que la chambre et ses éléments, dont la lampe, qui ne possède la moindre capacité d’action effective, aucun pouvoir sur ses voisins les autres éléments, que celui de leur apposer un éclairage qui lui est propre. Hé bien, la conscience c’est pareil. Elle n’applique le moindre effet ni la plus infime modification aux éléments, nul bouleversement possible, l’univers et ses façons lui sont profondément et durablement indifférents seulement elle peut offrir aux regards un éclairage personnel sur le monde. Ou ne rien éclairer, sans compter bien sûr les perceptions, la tolérance à la lumière des regards happés dans son champ lumineux. C’est cela la conscience, rien d’utile – au sens d’utilisable, au niveau des causes à effets, les lois de la nature – mais porteur d’un monde unique à sa perspective, et perçu de manière unique par chaque regard qui s’en fera le plaisir de l’empreinte.

Oh... on avait négligé l’effet chaleur. Mais les métaphores ne sont-elles pas de furieuses incomplètes ? Tout leur est permis, sauf l’exactitude. Quoi qu’il en soit peut-être qu’à l’exactitude la conscience produit cette fameuse petite chaleur supplémentaire, comme, par exemple, venons-y, l’amour, mais n’est ce pas un grand bluff que l’amour, n’est-ce pas là le plus trompeur de tous les éclairages, et rien que cela, un éclairage sans emprise aucune sur ce qu’il illumine. Mais on dit que la lumière est une onde, et les ondes ça produit des chocs (cf ondes de choc), c’est un effet alors, et pas des moindres ! Non ? Certes sans doute mais quand bien même ! … La conscience elle-même fait partie de la nature, c’est la nature qui l’engendra et la nature seule dispose de ses éléments, elle seule connaît ses plans de conscience, et l’homme n’est qu’un petit élément, cultivant tant bien que mal sa misérable parcelle de conscience, un rouage qui aspire à l’indépendance mais assiégé des éléments les autres – les siens, aussi ! Un siège implacable et éternel. Parmi un tout on nous a octroyé le rôle, en tout cas la capacité, d’ampoule. Faudrait pas pourtant se prendre pour la lumière du monde. Toute façon on finirait par péter les plombs, notre résistance est de l’ordre du merveilleux outrage furtif. Au crépuscule l’ampoule est déjà usée. Demain au gazouillet matin une autre la remplacera, ou pas, qu’importe, les étoiles continueront encore longtemps de briller pour ainsi parer les voies lactées de l’univers insondable.

*Chez Babel, traduit(et quelle traduction !) du russe par André Markowicz

Ecrit par Jokeromega, le Mardi 29 Novembre 2005, 16:26 dans la rubrique "2.Intellections".