Tookie, pour qu’on n’oublie pas.
Ce soir le loup est mort,
Il avait dévoré trop de brebis,
Pourtant le monstre s’était repenti,
Seulement voilà nul remords,
Pour ces crimes-là,
Qu’il n’avait pas commis,
Ou peut-être mais encore! Et quoi !
La marche reste funèbre,
C’est sombre ce soir,
Les témoins du meurtre ont la lèpre,
Je sais comment le voir,
Dans le macabre de leur âmes,
Satisfaites d’éradiquer l’espoir,
Qu’ils ont condamné à perpétuité,
La justice des hommes est un blâme,
La vengeance est de sortie ce soir,
Pleine de maîtrisée fatuité,
Elle frappe avec heureuse acuité,
Dans toute l’envergure de son aveuglement,
Sa triste bêtise et sa lourde mesquinerie,
Allez, à mort, à mort, à mort !
Il a déjà bien trop vécu à 51 ans,
Ce soir on exécute le dénommé Tookie,
À mort à mort à mort... et nuls remords !
On est la loi…
Alors il ont dit,
Qu’on ne veut plus de toi,
Car tu les as commis,
Tes crimes,
Et même si,
Le doute est légitime,
On a légiféré,
Trop longtemps,
Qu’on t’a encagé,
Tu finirais innocent,
À force de t’amender,
Or ici,
C’est le pays,
Du 5e amendement,
Nul pardon,
Pour même mille regrets,
On a les dix commandements,
Et la table à injections,
C’est fini, tu n’es plus, tu étais,
Aujourd’hui est triste et désuet,
Comme hier un jour ! …
Tu fus fier et large,
Né dans la mauvaise marge,
Mais tout cela est déjà loin et sourd,
Ils ont dit c’est mérité,
On va t’injecter le sens,
De bien tristes responsabilités…
Ce qu’ils ne savent dans leur ignorance,
Est que c’est toute la société,
Qui paye de sa dignité,
Lorsqu’elle abandonne ses enfants,
Qui qu’ils soient ! Ce qu’ils sont,
Lorsqu’elle refuse l’inaliénable droit,
À la seule valable (le reste si futile)Rédemption,
Ce soir le monstre n’est pas celui qu’on croit…
Élevé aux cigs PCP,
Tu n’étais pas un saint,
Mais ils t’ont sacrifié,
En hommage à tes jours malsains,
C’était il y a 24 piges,
Désormais,
Nous ne verrons jamais,
La suite de tes blanches pages,
Tu as fini avec les cheveux gris,
Et eux avec le cœur noir,
C’est sombre ce soir,
C’est noir et si maudit,
Maudit soit l’homme !
Qu’il tue au nom de Dieu,
Du bien ou de la norme,
Toujours c’est moche et vicieux,
Quand ils prennent leur ignorance,
Pour l’universelle bienveillance,
Les redresseurs de torts,
Les shérifs et les matadors,
La bête doit expier,
La foule acclame,
Mais ce soir calme,
Le sang n’a pas coulé,
Tandis que s’insinue le poison,
Dans des cœurs emplis de raison,
Et les veines qui se cambrent,
De Tookie qui s’en va,
Un soir sombre de décembre,
Exécuté de sang froid.
Au revoir, au revoir…
Au revoir à jamais !
Merci pour ta renaissance,
Merci pour l’espoir,
Merci de ton existence,
On n’oubliera pas que ce soir,
Que ce soir,
Que ce soir…
Ce soir,
Ce soir…
Au revoir.
C’est triste,
Trop triste…
Devant trois amis,
Tookie est parti,
Infusé d’un baxter aux toxines,
Minutie d’une fin de lueur,
Spectacle de 36 autres témoins,
Journalistes de l’horreur,
Et familles de victimes,
On assiste avec soin,
Sans une goutte de pitié,
Il faut des morts !
Pour apaiser les morts…
L’homme a des idées cadavres,
Des intentions malades,
Le monde est bien trop sevré,
Il m’écœure,
Infâme il assassine,
Mais nous on sait...
On sait !
Allez,
Tu as mes larmes,
C’est tout ce que j’ai pu faire…
Je suis désolé…
Oh désolé !
Et navré…
Triste, si triste, si échoué…
C’est fini, fini, fini !
Si désolé,
Désolé,
De ce monde-là sans pitié.
Mais quand dont comprendrez-vous !
Qu’il faut laisser la chance jusqu’au bout…
Et lui qui était un autre,
Une autre vie un autre être,
Que voulait-on de plus !
Un cadavre, voilà ce qu’on voulait,
Un cadavre, l’odeur de la mort,
Un autre…
Mais pas assez des vôtres,
Vous êtes coupables,
Tous coupables,
Honte à vous,
Honte à nous,
Honte à tous,
Honte au monde des hommes,
Qui se conduisent comme des chiens,
Assoiffés de leur injuste justice,
Allez,
Tous on partira,
Mais vos traces puent,
Honte, honte, honte !
Quel dégoût.
Tookie, Tookie, Tookie,
Trop triste…
à 16:36