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Ces pensées qui abîment, Agence cybernétique de songerie adulte

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Les sobriquets

Quand j’étais enfant, on m’appelait ********, c’est mon nom de famille.

Tous les amis étaient des prénoms. Les noms c’était le reste. Les prénoms étaient gentils, beaux, désirables pour fêter les anniversaires, les booms les grandes amitiés, les grands serments, ils étaient sveltes et mignons, ils en appelaient à l’aimable, la sympathie, la reconnaissance au groupe, le groupe, ou un des groupes. Avoir un prénom, mais pour cette possession il lui fallût à ce prénom évidemment être reconnu, légalisé, franchisé, était synonyme d’intégration naturelle, faire partie de, être accepté par, être comme à un âge où il fait bon le mimétisme, sinon sanction immédiate. Oh... Jamais ne fussé-je un de ces enfants martyrs qui souvent plus tard décrivent détaillent l’éventail des possibles cruels conférés à l’âge de l’enfance ; j’étais d’ailleurs plutôt straight, tu racontais tes salades, tu bavais ta vacherie, ma sérénité mise en péril, qui ne demandait rien à personne, tu dépassais les limites et.. ah non, tu n’en avais pas le temps, on se cognait déjà et tu pouvais compter sur ma victoire. J’eus toujours un faible pour la victoire. Et je haïs qu’on me considérât comme un nom. A la limite encore, les anniversaires les booms et les tchics et les tchacs ne m’ont pas tant manqué, enfin si, il y avait cette barrière entre eux et moi, mais après tout il y avait d’autres laissés pour compte, souvent en plus triste posture que moi, les relégués de chez reléguable, les exclus en avant première de la vie, les chômeurs de la cours de récré, ces sans prénom, absents jusqu’au bout des carnets de rendez-vous, vous savez, lorsque les privilégiés s’esclaffaient " Alors, viendra à mon anniversaire, Julie, Anne, Pierrine, Matthieu, Geoffrey, Ali, Ludivine, Sophie, Clémente, Marc, Yann, Samuel, Linda, Marie, Dimitri, …., Roberto, Claudine et Saphir ", à croire qu’ils fussent ragaillardis d’annoncer votre exclusion, simple et discrète, au vu et su de la place publique, haut et fort donc. La classe des petits morveux. Direct. Net. Bien fait vite fait. Au revoir et à la prochaine n’y espère sûrement pas. Sans appel. Non, tout cela encore, pourquoi pas, je chérissais déjà l’idée démocratique, j’accordais aux autres le droit de ne pas m’aimer, les y aidant même, si besoin était, toutefois là où j’enrageais, c’était au niveau de ce foutage de gueule nom/prénom, cette discrimination évidente, immanquable, sans esquive, et en plus revendiquée, assumée le plus irrespectueusement du monde – le monde, immense, allant au moins jusqu’aux grillages de la cours de jeux, la rue c’est après, c’est déjà l’inconnu –, vous n’êtes, pardon, TU N’ES PAS un gentil, on fait avec toi parce qu’il faut bien, et aussi parce que tu nous frapperas, on s’en fout, tu viendras pas chez moi la semaine prochaine, on sera 36 et pas 37, toi t’es un 37e, et t’es aussi un nom, espèce d’affreux jojo, on te le dit pas mais ça crève les yeux, et si on pouvait on te crèverait le cœur, t’es qu’un crevard, tu peux crever. Tout seul. Ne me demandez pas pourquoi les noms n’eussent point l’idée de former un contre-pouvoir, et quand bien même, moi je voulais juste MON prénom, tout beau tout mignon, parce qu’un prénom c’était vachement gentil, doux, soyeux, et on ne l’échangerait pour rien au monde, si ce n’est un autre prénom, je compris vite pourquoi on nous enseignait d’entrée de primaire les égalités :

1 nom = 1 gros con

Ou aussi

1 nom = 1 NON à ta sale gueule

1 nom = NON à l’infini, c’est mathématiquement peu probable mais allez leur parler de probabilités, vous auriez la haine à l’infini, je garantis. Bon, dans le même ordre d’idée, on avait :

Prénom > nom

Nom < à tout

Nom + nom = 2 exclus

Prénom + prénom = " Ils sont où les autres prénoms ? "

Et le plus absurde de tout cela, à franchement parler, ces idiots de noms qui traitaient les autres noms de noms, et les prénoms de prénoms, comme s’il fût changé quoi que ce fût, comme s’ils allaient subitement être graciés.

Toutefois, il y avait la catégorie reine, les surnoms, affectueusement vôtre... Les sobriquets.

Imaginons, à tout hasard, qu’on vous sobrique de Modèle réduit – ceci est inspiré de faits réels, mais personne ne fut blessé, outre les sobriqués. Évidemment. Hé bien, vous êtes à la fois modèle, et réduit, vous êtes donc sans personnalité, autre que modelée du modèle, et sans envergure, autre que la réduction de votre modèle au sobriquet. Vous n’êtes rien, que le produit de la permission verbale des autres, ça vous colle au moral et ça vient de partout parce qu’un sobriquet aime être sobriqué, il est un masochiste car pour ainsi oser encore s’exhiber, il le cherche vraiment, son sobriquet. Ne comprend-il dont pas qu’il est entouré de sadiques innocents, qui ne font que sonner le malheureux par son nom en quolibet. " Oh mais il est habitué, et puis ça lui va comme un charme, je crois d’ailleurs qu’il s’en infatue, si c’était à refaire, il se nommerait personnalité nulle respect zéro je suis de la merde alors on me donne un sobriquet parce que c’est de la merde, c’est la base de tout, la merde colle et pue. " Par contre si comme la merde on voit le surnom venir de loin, pas moyen d’éviter ce dernier, une fois qu’il est... Il reste.

Personnellement, je n’eus jamais à subir le surnom mais j’en subodore toute l’injustice. Le seul bon sobriquet, en tout cas acceptable, est le sobriquet fait maison, non pas des autres de la maison, mais du sobriqué LUI-MEME, et encore, ça pourrait un jour ou l’autre se rebiffer contre l’heureux inventeur.

À part cela, ma mère et ses cinq frères et sœurs, dans une optique de langage codé, sobriquaient leur père Pietro, leur mère Rosa et l’aîné Felice (bénéficiant de l’aînesse absolue, à savoir l’injustice absolue)de Roto Rota Roti.

Ah quand même, ils font bien marrer ces surnoms, les sobriquets

Ecrit par Jokeromega, le Vendredi 11 Novembre 2005, 16:38 dans la rubrique "2.Intellections".