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Fausse nation, vrai symptôme. Je le jure !

« Comment l'Etat belge a-t-il pu perdurer 177 ans ? » se demandait, ahuri, un humble observateur du Web. Je ne suis pas grand connaisseur d’histoire belge, mais je suis Belge... Voici ma version des faits.

La Belgique fut longtemps pays de cocagne. Dans ces conditions – c’est-à-dire tant qu’elles perdurent – le gâteau est facile à partager. Les Flamands fin XIXe début XXe fournissaient de la main d’œuvre pas chère aux mines et de braves poitrines aux tranchées, parfois gaspillées à cause d’ordres mal compris, administrés en français à des Flamands par des officiers francophones. Hé oui !… Les premiers cris que poussa Belgique, en 1830, s’imposèrent d’emblée en la langue de la diplomatie internationale, cette langue si chère à Molière et Racine, et ce, tant chez la bourgeoisie francophone que chez sa consœur flamande. Bref, le français régnait, altier, impérieux, triomphant, en dépit des « dialectes » locaux. C’était l’époque de la grande révolution industrielle, elle battait son plein au sud du royaume (wallon) et les patrons en quête de bons bras battaient campagne au nord (flamand). C’était l’époque… Aujourd’hui l’opulence a changé de camp. Candide, on pourrait imaginer que les bons bras en fassent autant... Sorte de subtile chassé-croisé, échange de politesses, ballet de compétences, mais vous vous doutez qu’à l’heure de la mondialisation ce ne sont pas les bons bras qui manquent... Le marché de la main d’œuvre est fluide, avec ou sans la Belgique. Alors, les Flamands s’encombreraient-ils de cousins européens attardés assistés au seul motif de la solidarité ? Mais quelle solidarité ! Les Flamands ont peu à peu pris revanche sur leurs anciens « dominants ». D’ailleurs le légitime effort d’affirmation culturelle flamande fut salué par les intellectuels wallons bien-pensants (avec petit rictus). Bravo ! exprimez votre spécificité. Chapeau l’artiste ! dans un premier temps… Mais la félicité forcée fut de courte durée. Lamentations et crachats succédèrent aux louanges. Le Vlaams Belang n’est pas l’époux – même en mariage à chambre séparée – que le Coq espérait ! Le Wallon, de nos jours, yeux humides, tend les bras vers feu sa dulcinée... Pourquoi ! pourquoi ! Il ne comprend pas ! Pourquoi tant de haine ? Pourtant je suis ouvert, je les aime ! mes amis du nord... dans la construction imaginaire que je m’en fais de loin.
Ça ne vous rappelle rien ? Moi si, et j’ai tellement hâte que les premiers partis identitaires des zones sensibles émergent à leur tour, non pas à la flamande et pour bien d’autres raisons qui sortent du cadre de ce témoignage. La lâcheté, la rêverie, la fraude, une fois de plus, comme toujours en Histoire, seront alors justement rétribuées, et autrement mieux rétribuées ! par nos amis du Sud profond. Je sens qu’on va très prochainement rigoler à gorges déployées (et couteaux tirés), ô cruelle ironie.
Mais revenons-en à nos moutons du plat pays. Alors, Belgique, où en es-tu ? L’éclatement ne date pas d’hier… L’Etat éclata dès les années soixante, et ça couvait depuis belle lurette. L’instauration du fédéralisme, présenté comme une réponse, une parade au déchirement, un accommodement raisonnable avant l’heure, nous le savons à présent, fut un cache-sexe apposé à l’échec du projet « Belgique ». Le fédéral sursaut était un sursis terminal. En lâchant du leste aux révoltés pour éviter la rupture, il les enfermait définitivement dans leur autarcie. Chacun apprit à vivre sans l’autre. Les communautés, au départ peu communicantes, n’avaient désormais plus rien à se dire. En somme, la coquille avait été vidée (de quoi ???) mais pas brisée. Les apparences, l’armée, la monnaie et le roi étaient sauvegardés.
L’eau coula sous les ponts coupés... Et voici ! quelques années plus tard, nous sommes passés à l’Euro, notre armée s’est reconvertie dans l’humanitaire, et le roi, soi-disant ciment de la nation, demeure élevé en la langue de Molière ; ceci dit on l’immerge promptement dans le flamand, sa première langue étrangère. Quant aux apparences, le drapeau aux douze étoiles a pris le relais. Jamais vous ne trouverez plus convaincu européen que le Belge. Issu du lamentable échec linguistique, le joyeux lustucru se réfugie parmi les tendres sirènes de Bruxelles. Cocu ! Il s’imagine pallier à mal par pire ! (typique réflexe de cocu)
Côté Wallonie on se gargarise de la Diversité. Vive l’Europe des 27 ! Encore ! on redemande ! C’est bientôt Noël, donne Sarko ! donne-nous la Turquie que tu boudes faussement en vraie courtisane libérale que tu es, et attache à notre remorque l’Union méditerranéenne, passe aux aveux ! Eurabia, parée des ses atours, trépigne !
Côté Flandre, on songe que l’essor économique succéda à l’autonomie. Fort logiquement on se dit qu’indépendance rime avec opulence. L’incurie wallonne se fera sans Vlaanderen ! mais bien plutôt avec United colors of Eurabia. OMC en force ! ONU dans les parages… Flamand cocu aussi !
La dette ! souffle-t-on, la faute à la dette ! Ce n’est pas faux, la dette joue son rôle, et pas qu’un peu ; les Flamands en ont marre de casquer pour des Wallons gangrenés par trente ans de socialisme destructeur, producteur d’assistés, de malversations politiques, de copinage façon république bananière, et d’esprit intellectuel français gauchisant (les Wallons, en manque d’imagination, sucent souvent les mamelles idéologiques de Marianne la décadente).
Au sud règne une culture latine, si j’ose dire, à la française post 1789, post 68, post amour de soi. Les Wallons sont mous et inconscients d’eux-mêmes. On les dit chaleureux. En effet, ce sont de bonnes pâtes. On en fait à peu près ce qu’on veut, du moment qu’ils touchent leurs subsides.
Au nord on lorgne de l’autre côté de l’Atlantique, mélange de libéralisme dynamique et fierté identitaire assumée.
En vérité ce qui maintenait la cohésion d’intérêt, pour ne pas dire la collusion à peu de frais, c’était Bruxelles, capitale historique de la Flandre mais peuplée à majorité francophone. Les deux mères oseraient-elles trancher bébé en deux ? Tel fut le dilemme. Sinon dites-vous bien que l’affaire fût réglée depuis longtemps, à la tchécoslovaque ! Or, voici ! à présent, sept des dix premiers prénoms octroyés à la naissance puisent au réservoir dialectal arabo-musulman. M’est avis que les Flamands commencent à se dire que BX est cause perdue, enfant bâtard, relique empoisonnée. Evidemment le Lion cherche à préserver son domaine de compétence – et de future souveraineté – mais je suis persuadé que dans les esprits du nord l’attrait de Bruxellistan s’estompe d’heure en heure, au fur et à mesure que l’inéluctable, l’implacable rouleau compresseur africain opère ses méfaits démographiques en territoires occupés. Avez-vous jamais visité les quartiers ? Barbes et kebabs garantis !
Tôt ou tard, la Flandre ira aux Flamands et à eux seuls, la Wallonie aux Wallons et Bruxelles aux imams et aux commissaires. Même sans les touristes il y a autant de diversité à Bruxelles qu’à Alger lors d’une visite de l’UE. Nous en sommes là (et de plus en plus bas). C’est aussi simple que ça. C’est déjà le cas ! Il ne reste plus qu’à ouvrir les yeux, enfin ! et régler les modalités financières du divorce.
Sachez que la Belgique est un intéressant cas clinique. Elle ne saurait tenir lieu de synopsis au Système, le Machin de Bruxelles, car sa modestie l’en préserve, mais elle fournira aux amateurs de fiction spéculative un assez bon prélude. Jadis, la Belgique donna naissance à un avorton. Aujourd’hui l’actualité nous apporte sur un plateau doré la preuve qu’aucune bureaucratie au monde, aussi accommodante et aberrante fût-elle, ne saurait indéfiniment cacher la forêt du vide de son petit arbre mesquin, et ce, même à tendre bien fort ses branches hypertrophiées, ses tentaculaires mensonges.

Jokeromega, futur ex-Belge, Européen bientôt minoritaire, témoin oculaire.
Ecrit par Jokeromega, le Samedi 1 Décembre 2007, 17:07 dans la rubrique "2.Intellections".