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Ces pensées qui abîment, Agence cybernétique de songerie adulte

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Les bienfaiteurs

--> épisode 6

" Aère-toi les méninges ! "
Mes parents, et les gens en général, avaient toujours une pièce à mettre au trou. Ça partait d’un bon sentiment : Sauver une vie (la mienne). Mais, comme tous les ravaudeurs, ils s’attaquaient à l’effet sans rien comprendre de la cause. Autant prescrire des rustines au Titanic ! Je n’ai jamais supporté les remontrances, ni les conseils, ni même les bonnes intentions, car jusqu’à présent j’ai toujours été seul à savoir ce qui se tramait sous la ligne de flottaison.
" Aère-toi les méninges ! "
Le problème avec les aides-soignants, surtout s’ils vous ont enfanté, c’est qu’ils se sentent investis d’une autorité absolue. Avez-vous jamais observé plus hiératique posture que celle de votre médecin de famille lorsqu’il vous prescrit l’ordonnance du jour ? Cet homme vous sauve la vie. Mieux, cet homme vous sauve de vous-même, car lui, contrairement à vous, possède la connaissance. Un diplôme difficile à obtenir est même accroché au mur dans un joli cadre doré. Le document surplombe la tête impassible de l’homme de science qui vous considère avec une bonhomie empreinte de gravité derrière ses lunettes de marque, assis sur son trône – pardon, son fauteuil – attablé au massif bureau en chêne. À plat ventre misérable vermine ! Voilà, Francis était mon médecin personnel. Et lui n’avait besoin d’aucun papier. Sa conviction suffisait.
" Aère-toi les méninges ! "
Les bienfaiteurs ne lâchent jamais. En proie à leur amour, j’avais intérêt à manifester la joie de vivre. Si possible endéans les trois prochaines secondes.
" Nom de...
– J’y vais p’pa ! J’y vais...
– Sa majesté a enfin consenti ? C’est pas trot tôt ! Tête de zombie. " Francis maugréa ensuite à voix basse pour lui-même mais mon ouïe fut assez fine pour déchiffrer quelque bribe : " ...détraqué garnement... à coups de bâton... moi de mon temps... etc. "
Mon père était un guérisseur à sa façon ; car subitement j’eus envie de foutre le camp (à jamais). Je descendis dare-dare taper les cents pas au pied de ma barre. Les "cousins" s’en donnaient à cœur joie. Lâche une balle les petits font le beau. Dépêche-toi... Dès onze ans le regard durcit, la voix s’enroue les joints aidant et très bientôt (pour fêter sa puberté) le gosse ramènera sous sa ceinture, vaguement dissimulé derrière une vareuse du Brésil ou de son pays d’origine, son premier "Mohammed" (nom affectif alloué aux pistolets. L’initié dira par exemple : " Eh ! Fais gaffe, lui manque pas de respect, Mohammed est venu avec. "). Dans la foulée viendra la première gicle, une fille facile du quartier, serrée vite fait au sous-sol. Les poteaux en embuscade ne manqueraient ça pour rien au monde. Ils savent qu’après ce sera chacun son tour... Probablement une peau claire, volontiers suceuse du moment qu’on est un peu gentil avec elle. " Dis-lui qu’elle a de beaux yeux tellement qu’on s’y perdrait comme dans le dernier Luc Besson ". On se transmet les clés de la maturité de grand à petit frère. La virilité grimpe à vue d’œil. Je dois dire que c’est assez effrayant comme processus. Mais une fois dépaysé ça vient tout seul. On se rend vite compte que l’incivisme est ce qu’il y a de plus naturel.
Bon, c’est pas tout ça, je philosophe béatement mais jusqu’à nouvel ordre on m’a demandé d’aérer mes méninges.
Je monte à bord du bus de la ligne 13 à destination du centre-ville. Les arbres défilent, semés au hasard, tout claqués... Je m’en tape de la verdure ; avec ma playstation la définition est meilleure. Tandis que je déchiffre les vandalismes ornant le dos de la banquette ci-devant (" nike sa mér l’Amérique, I lov Ben Laden "), un jeune issu des minorités visibles décide d’améliorer encore sa visibilité et, muni d’un gros sac à dos, déclare à tue-tête avec force et conviction : " Allahou akbar !! "
C’était prévisible, le bus se vide à l’arrêt suivant. Pourtant je reste fidèle au poste. Eh oui ! Ce petit farceur n’en est pas à son coup d’essai. Je l’ai repéré dès qu’il a mis un pied à bord. Lui et son acolyte se font des caméras cachées. L’un filme, l’autre interprète, les internautes en redemandent.
À présent les barres prennent le dessus sur le paysage, immeubles à six ou sept étages, petite ville urbaine malfamée, les tags piranhas tailladent les façades, d’aucunes voitures calcinées jonchent la route et un chat, à moins qu’il s’agisse d’un gros rat, se cache sous la roue avant droite d’une Peugeot 407 tunée. Là plus bas j’aperçois l’ancien Mestdagh, hier racheté Champion, aujourd’hui squat de vagabonds. Les pouilleux du quartier se regroupent sur le parking désaffecté où éclateront des bagarres d’ivrognes ou de junkies (ce qui est la même chose). Il arrive que les couteaux agrémentent la soirée. Le feu passe au rouge, le bus ralentit et s’immobilise, mon imagination poursuit lors que voilà une petite frappe qui déambule deux rues plus loin, épaisse veste en cuir, orbites enfoncées, balafré, pantalon à lignes en velours assorti d’une paire d’Air Max de contrefaçon chinoise (excusez la tautologie). Notre tête de Turc porte de grosses bagues aux doigts et c’est sans difficulté que je lui imagine une lame dans la poche. Sur son chemin il croise un groupe de rappeurs play-boy du genre à tomber les " salopes ", les " tassepé " ou les " biatch " sur du Bob Marley ou du R. Kelly. Le bandit et les branleurs sont sur le point de se croiser. La tête de Turc fixe droit devant tandis que le groupe de minettes fait semblant de regarder ailleurs. Pour ma part je sais que la partie sera serrée. Maghrébins, Noirs, pays de l’Est... les uniformes en bleu ont du pain sur la planche. La mixité s’annonce explosive : Trafic d’être humain, armes, stupéfiants, racket, terrorisme... Y en aura pour tous les goûts. Divers modèles sont mis à la disposition du délinquant escomptant gagner des galons. Au moment de choisir, il ne peut qu’avoir les yeux qui brillent. Plus tard, au moment de régler les comptes, il verse des larmes de crocodile sur la discrimination qu’il a subi toute sa vie. L’homme – quel qu’il soit – profite au début et passe le restant de ses jours à regretter. La racaille ne fait pas exception. Elle a juste un peu d’avance et la mémoire très courte et sélective.
Je mets pied à terre pour flâner. Je suis agréablement surpris, observant que les couples métissés sont à la hausse. " La race délite ! " se récrie Francis chaque fois qu’il sort (c’est-à-dire de moins en moins ; ça lui brise trop le cœur). Le vieux mercenaire l’a mauvaise ; des sales cauchemars remontent. Il faut dire qu’il mélange tout ; Perses, Afghans, Maures, Nègres... " Une balle dans le cul. C’est la seule solution ! " Il ne désespère pas totalement. Mon habitude est de lui rétorquer : " Qu’on crève tous ! " Je suis fatigué du genre humain dans son ensemble, j’ai perdu en cours de route la force de discriminer.
Un couple retient mon attention. Deux blancs-becs amourachés. Je m’identifie. On sent les corps complices ; son regard à lui descend sur son sourire à elle qui remonte ; la tendresse dégouline. J’hésite entre me fendre la poire ou le cœur et d’ailleurs je sens un début de fêlure. Ces deux-là me remémorent... Je rebrousse chemin. Marche interminable, j’habite loin et il faut se rendre à l’évidence, je ne suis pas un bus. Je m’obstine à pattes parce que je suis malheureux. Obstine-toi ! car sinon... Je mets en garde mon cerveau lui expliquant que je dois surtout pas y penser. Une averse éclate. Examen, analyse... peu de signifiance ! Je hais ces souvenirs. La pluie mitraille, mes mâchoires se crispent, amères, mains dans les poches je serre fort mon cafard, pour peu je chancellerais dans le caniveau empli de seringues et merdes de chien ; je vois rouge dans un décor délavé de gris. Les pavés glissent rapidement sous mes pas pressés, le muret de droite cavale, verdâtre et mal cimenté, quelques voitures parfois vrombissent du décibel. En plus de la drache je dois me taper le dernier rap tendance. En outre les bolides rentrent exprès dans les flaques d’eau pour t’arroser. Au diable ! Je suis pire que cette flaque. Elle n’en peut que retirer ! Ah ! ah ! Ma vie !... je suis bien morveux... battu par le vent et la flotte... J’ai montré l’infâme audace d’un jour plaire, oui plaire ! il y a si longtemps... à un être, une beauté oh malheur ! La plus belle du quartier ! que je croisais chaque jour et qui me tournait le boyau. J’ignorais chacun de ses si craquants sourires. M’approche pas ! Je pourrais te plaire... Je suis resté droit. Démarche rectiligne ! Comme à l’armée, j’ai de qui tenir. Bien calé dans le malheur... plus jamais apte au sourire.
La marée déverse le long des joues, le temps s’écoule, refoule, emporte... On est deux ans plus tôt, l’année précédente elle a eu terminé troisième de promotion, dès le départ tout le monde a craqué sur elle, profs comme étudiants, et recteur ! Même les femmes laides l’apprécient car jamais elle met en avant son sex-appeal, bienveillante envers tous et réservée quand il faut. Elle n’a qu’un défaut, comme dirait Arnaud Montebourg, c’est son François ; rencontré six mois plus tard ; section médecine ;... beau gosse, beaux sapes, bel air. En somme elle sort avec son futur époux. Voilà ce qui arrive – Billy Godefroy Leskens – quand on traîne des pieds. Il ne me reste plus que mes yeux pour pleurer et mater. De toute évidence c’est du sérieux. Elle dépose tant de bisous au creux de son cou... Je me sens mal, vite, donnez-moi un sac ; ça me retourne...
La météo devenait furieuse, jouissance ! férocité des éléments ! ballotté d’un pavé l’autre, les oreilles trempées je sentais le liquide glisser froid le long des tempes... chevilles ! genoux ! dos ! panse nez bras ! Je ruisselais. Et l’ivresse de plus belle se débobine dans tes neurones, mémoires assassines, mélangées, confondues, macédoine. Beau gosse, dulcinée, moqueries, humiliations, claques ! faible ! honte ! bassesse... mon père saoul déchu, maman dévote, Dieu ricane, la terre tournait nonchalante, zing ! zang ! d’autres mémoires ! sales marmots de maternelle, coups vaches de banlieusards, humiliations encore, bagarres perdues, les niques en public, et rien répondre, baisser le regard, oui, on finit par baisser son froc, mais tous ! un jour courberont l’échine. Je jubilais à la perspective, tous ! voués d’un même et commun destin fraternel, tous !... la poussière. On verrait bien ce qu’ils frimeraient les caïds à Mercedes coupé sport, on verrait bien qui de l’orgueil qui de la mort, on verrait ça et ce serait le plus délectable des spectacles, pure merveille de justice, tous enfin à sa place, point de parole plus haute que l’autre, tous ensemble... unis à jamais.
Retour à l’expéditeur. Aère-toi les méninges... je t’en donnerais moi ! On n’est plus tranquille nulle part, les visages sont partout. À la maison la sociabilité ne l’emporte pas mais la bouteille de trop arrive toujours à point nommé. Le salopard s’endort... La flotte noie le chagrin et envoie roupiller les plus récalcitrants dans un fauteuil dégueulasse. Mais moi, buveur de Cécémel... J’ai pas hérité du même coude. Moi, j’ai qu’à faire comme j’ai toujours fait. Tirer les tentures. Hermétique. Je fais ça proprement. Je m’accroupis dans le placard. Les pleurs d’abord, désespéré ensuite et tapi dans l’ombre jusqu’au bout de l’obscurité. À cent mètres la gosse ! Je me souviens... Je vacillais !... y penser suffisait... à la moindre évocation mon cœur se déchirait. Je le sais ! Je survivrai pas... Voilà, j’osais plus m’aventurer. Eh oui, déjà ! hélas...
La petite fée crut que j’étais un monstre de froideur. C’était presque ça ! J’étais, en fait, un monstre tout court. Je subissais des fantasmes infernaux, j’avais la dalle de Belzébuth et rien à me mettre sous la dent. L’imagination se chargeait du reste. Prendre. Salir. Posséder. Faire avaler l’amour et l’éternité de soi. Petite biche apeurée dans l’obscure forêt d’un couple impossible. Je m’imaginais !... C’est dans cet esprit que, sur le dos confortable, je m’étais fait. Au moment où, ma mère était entrée subrepticement. Dans mon élan j’avais omis de verrouiller la porte de ma chambre.
" Ciel Dieu ! "
Ginette avait d’urgence remis mon lieu dans son état initial.
" Seigneur pardonne-nous nos offenses, bla-bla-bla, bla-bla-bla. " Elle fuyait d’horreur, poursuivie par mon fou rire de dératé.
Après lequel coming out si vous me permettez l’expression, je pris une fois pour toute le pli du réseau. Que voulez-vous, c’était trop loin. Déjà taciturne avant l’avènement, les contacts matériels s’estompèrent. Je privilégiais la cybercommunication poste à poste. Un bon petit soldat... On creuse nos tranchées. On rencontre par le réseau ; on abandonne par le réseau. Des liens s’initient. Nous mettons en commun nos échecs. Nous sommes des échecs. Beau paquet d’âmes paumées. Nous formons une sous-catégorie environ humaine, mirifique magma d’errors data, gaffe à l’infini, nous sommes la communion, dégouttante de partout, implacable plurinévrose. Entre maudits on sait se sourire. Nous l’ignorions en ce temps-là, mais nous étions les précurseurs d’une génération de mutants hostiles à la vie concrète de l’animal ; nous annoncions une créature abstraite, inédite et comme jamais nuisible. Ça y était vraiment ce coup-ci. On avait franchi un cap décisif. Plus loin encore ! Déjà qu’on venait de loin... Parce que... L’enfant doit mourir, c’est ainsi, on n’y peut rien, il faut accoucher. Chaque homme est l’assassin d’un enfant. Son enfant intime, là tout là-bas, dans le bide de jadis.
Les innocents ne sont pas encore nés.
Je me souviens, la maternelle. Deux mioches à la balançoire, un groupe de sept joue aux billes, mon meilleur copain me bourre de sable les orbites. Je n’y vois strictement plus rien. Très bien. Si j’avais su, me serais-je dessablé ?
Le sablier expire bientôt, je dois raconter une dernière fois l’histoire. Une dernière fois...
Un cabinet de dentisterie, des spots, le dentiste. " On va remettre ça en ordre ! " Miroir m’est présenté. Je voudrais le briser. Mais on m’a dit que ça porte malheur... J’enterre donc la hache de guerre. Mais c’est ce con qu’y faudrait enterrer. " Vos dents je vous le jure, constituent un cas d’école ! Croyez-moi, à Louvain le professeur organiserait une opération en public. Quelle opportunité ! À part la dentition japonaise je ne vois rien de similaire. Soyez-en fier ! "
Apparemment fallait fouiller côté nippon. Je me représentai la bouche d’une gentille nipponne. Ça n’allait pas aller. Moi, je voulais une petite pépée avec des yeux bleus qu’on voyait dans les magazines. Je pris peur ! S’ensuivit ce qui devait s’ensuivre...
" Ha ! Bordel... Ma main ! Ha !! Putain ça fait mal... " jura le dentiste en arrachant ses doigts de mes incisives. " Qu’est-ce qui t’a pris ! Je t’ai fait mal ? " En effet, je souffrais ; mais d’un mal ineffable.
" Sais pas m’sieur. Un réflexe je crois.
– Attention ce coup-ci ! Tiens, prends ça... " Il m’enfonça un mors dans le gueulard. Impossible de mordre autre chose. Fait comme un rat... Un rat muselé ! Mutique donc. Mutique toute ! Alors il s’employa à me rassurer. " Oh oui ! Les plus émérites mèneront une carrière entière pour une fois seulement, s’ils ont la chance, beaucoup de chance, connaître un cas proche – mais comme toi ? – c’est la chance d’une vie ! C’est pour la postérité. Toi : Tu peux écrire l’histoire. " Solennel, les yeux émus. J’étais soigné c’est sûr. " Ça va ? " Je grognai trois fois en guise de réponse. " Tu dis ? " Trois grognements de plus. " Ciel ! J’oubliais !... " Il ôta l’embouchoir pour que je puisse répondre " ça va ". Il remboucha, son visage s’illuminait sans plus aucun obstacle. J’en croyais pas mes yeux. Telle dévotion... Fallait voir ça. Mais le plus beau c’était encore son assistant. L’état dans lequel il se mettait... yeux mille fois fascinés !... me reluquait comme si j’étais Mona Lisa, la lèvre vibrante, un peu d’écume, le regard plein d’amour... La vocation. J’en craignis pour mes fesses, des fois que. Mais non, c’était une idée, une indue. L’assistant se contentait d’épauler son maître dans sa transe. Le chef paraphrasait plein d’emphase, d’éclat, triomphe !... L’élève s’émouvait, gesticulait, chaque bon mot faisait prétexte, chaque son, chaque phonème !... il mimait à l’image de son maître.
Pour apprécier le drame à sa juste valeur, faut se représenter la scène. Le maître braquait son spot. " Vous voyez Herbert (son assistant) ? Là ! Vous voyez ? Ha ! Je vous l’avais bien dit ! " Sa torche me livrait au grand jour, j’avais l’impression que Ra dieu du soleil m’en lançait, Herbert frissonnait, n’y tenant plus, mais du tout !... mouillait ! Un fou ! Ça le prenait jusqu’en bas, j’ai vu ! Herbert s’est empoigné, comme ça ! Vla ! D’un coup ! Elles lui ont remonté d’au moins dix bons centimètres. Facilement ! Le vice médical... Sortis d’une vie de défonce, disait la rumeur, les deux !... De nombreux trips. En connaisseurs... des goûteurs ! Les pires – ceux qui avalent n’importe quoi, à commencer par la poudre à lessiver de grand-maman (avant de chiper du capital dans le vase où elle cache sa pension). Leurs peaux étaient atrocement poinçonnées... des râpes à fromage... vrai champ de bataille. 14-18 ! Dès lors... Franchement... Fallait pas s’attendre à beaucoup de considérations extra-médicales, le chef défendait le sens pratique des choses. " La praxis et c’est tout ! " Il en revenait lui, d’une vie de jouissances, il savait lui ! Chiqué ! Vanterie ! Il s’inquiétait de la mécanique – " pas de fioritures !
" Tu ne souffres d’aucun problème de mastication ? Non, évidemment... tes molaires sont préservées. Pas de problème de diction ? " Je grognai à nouveau. " Parfait ! " Herbert se frotta les mains tandis que son chef aiguisait sa fraise. " Eh bien mon petit, je vais te faire une confidence, entre nous n’est-ce pas ! Tu sais quoi ? Tes dents... je les envie. " Il indiqua à son compère. " Admire-moi cette qualité d’émail ! Herbert confirmera ! (Herbert confirma hochant la tête comme un toutou surexcité) Mais surtout, et tiens-toi bien... " Le maître attrapa la maxillaire. " Tes écarts là... c’est une bénédiction ! Ta bénédiction ! Tu ne me crois pas ? Je vois bien ! Hésite ? Mais penses-y mon petit ! Sans tel jeu d’écarts la nourriture pourrait se coincer entre les dents et peu à peu pourrir. Pourrir ! " L’assistant acquiesçait, s’épongea le front et s’invita dans la conversation. " Après quoi il faut implanter des fausses. " Il se mit à glousser. " Mais toi ! reprit son chef, toi ? Jamais !... Ça ne t’arrivera jamais ! Sinon avant des décennies... Tu conserveras tes propres dents très vieux dans la vie. Tu as beaucoup de chance, tu sais, mon petit.
– Oh oui, s’exclama Herbert, tu peux faire confiance au docteur. "
Papa fut réconforté d’apprendre qu’il n’était aucune nécessité, autre que celle facultative d’esthétisme. " Bouche robuste ! " Je ferais un bon soldat. Par ailleurs je serais épargné d’un appareil dentaire toujours délicat à cet âge des moqueries. Eh oui, Herbert et son maître s’étaient ravisés au dernier moment : " Laissez-lui se faire les dents. " Papa était soulagé. " Sale garnement, tu auras causé bien du souci à tes pauvres parents. " Pourtant maman lui avait bien dit que c’est pas la caserne ici. " Fais preuve d’amour ! C’est un enfant, après c’est fini... " Ils se chamaillaient en dépit du bon sens. Quant à moi, en tant qu’enfant j’étais mort. Dieu avait cessé de remplir le Pourquoi de son omniprésence. Restait plus qu’à apprécier la visite touristique qu’est la vie.
" Maman j’ai mal !
– Non Billy, tu n’as pas mal. " Je protestais. " Non chéri, c’est une illusion. " Je montrais mon bleu. " Mon cœur, rappelle-toi que la matière ne possède aucun pouvoir. Elle est suggestion.
– Le mal est matière ?
– Le mal est malin et le malin est illusion et origine des illusions. Le mal ne peut exister que si tu lui accordes crédit. Si tu reconnais son illusion il n’aura aucun... " Elle s’était posée, avait gonflé les poumons. " AUCUN pouvoir sur toi. Ni lui ni sa suggestion de maladie, de souffrance ou de tristesse. " Je fis une pause. Maman continuait de repasser soigneusement.
Dès qu’on gratte ça démange. La théologie est un jouet facultatif et périlleux, la vraie foi réside chez les vierges de treize ans. Tant que ça va cool on préfère rester dans son hamac. C’est la chute de hamac qui m’a traumatisé, elle a cassé l’auréole à mon univers.
" Dis maman, il vient d’où le malin ?
– De nulle part mon chéri, il n’existe pas.
– Comment il m’embête alors ?
– Il ne t’embête pas mon chéri. Il ne saurait point puisqu’il n’existe pas.
– Quand j’ai mal ça n’existe pas ?
– Exactement mon chéri, exactement. "
C’était bien vu comme système mais je suis du genre à me rassasier difficilement. C’est pas facile d’être mon parent. Je trouve toujours un moyen de tout gâcher.
" Si le mal existe pas, pourquoi alors tu dis que je dois pas mettre la main dans le feu ?
– Ce serait mettre Son pouvoir à l’épreuve. Douter de Lui est un péché grave.
– Quand sait-on que c’est un péché grave et pas une illusion de péché ?
– Étudie mon chéri, étudie, et la connaissance de cause viendra. "
La connaissance de cause…
Ainsi de mémoire en mémoire... longue lasse fanfare, loin loin loin... tout le noir y passa, tout !... Togo il appelait, appelait ! appelait !... " Non... non Togo, non... demain, plus tard, je te dirai, oui, t’inquiète, on verra ça... " – "  Mais oui, sûr... " – " Mais non, tout baigne. " Je débranchais plus mon cortex du système d’exploitation. Après un an non stop la situation devient irrécupérable. Maman se posait des questions mais le système sut répondre à mon vide. Le système comblait chacun. Et chacun comblait le système.

Ecrit par Jokeromega, le Vendredi 18 Mai 2007, 08:46 dans la rubrique "1.La farce des abîmés".


Commentaires :

  M
28-05-07
à 22:00

Pas le temps de lire en ce moment... mes exams me bourre le crâne... je lirais tout d'un coup une autrefois...

Salutationessssssss

M


  Jokeromega
30-05-07
à 19:26

Re:

Courage, ça diminue. (Attention aux fautes d’orthographes ! D)


  Strangule
04-06-07
à 19:02

Re:

Moi non plus...pas le temps de lire! Le bac lundi prochain alors hum...je travaille, du moins je classe, j'archive.. Alors je donne juste un petit signe de vie par ici, sans trop m'affaler sur tes derniers textes, que j'ai tout de même 'vite fait' survolé (pour piocher quelques jolis mots bien savants et dispensables mais qui font bien voir à placer dans mes copies the following week).

: )

Pense à moi au moment opportun !


  Jokeromega
04-06-07
à 22:01

Re:

Mes enfants, voyons, arrêtez de vous confondre en excuses et justifications, c’est touchant mais enfin, jusqu’à preuve du contraire ce blog n’est pas obligatoire ! (Sauf si vous êtes en manque de beauté.)
Quoi qu’il en soit, merci du soutien témoigné et mes encouragements aux étudiants.


  M
20-06-07
à 01:01

Re:

on a pas pitié...